Champignons : adoptez les bons réflexes !

Girolles, trompettes, bolets, cèpes… la saison automnale s’avère particulièrement propice pour les amateurs de champignons. Cependant, quelques informations s’imposent, pour une cueillette fructueuse, raisonnée et… sûre !

A chaque saison, ses champignons

Girolles ou Chanterelles

Girolles ou Chanterelles

Certaines espèces persistent toute l’année. Cependant,les périodes les plus propices à la cueillette des champignons comestibles sont le printemps et la seconde partie de l’été, ce jusqu’aux premières gelées de l’automne. Cette dernière demeure la saison phare des grandes poussées car l’arrivée des pluies (condition sine qua non) combinée avec une terre estivale encore chaude, entraîne un choc thermique qui offre des conditions optimales pour le développement et la fructification du mycélium !

Calendrier

Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis)

Cèpe de Bordeaux

  • Bolets : septembre et octobre
  • Cèpes : de mai à novembre
  • Chanterelles : de novembre à février
  • Coulemelles : de septembre à octobre
  • Girolles : de mai à février
  • Morilles : avril et mai
  • Mousserons : mai, juin, octobre et novembre
  • Pieds de Moutons : de septembre à février
  • Trompettes de la mort : août à décembre
  • Truffes noires du Périgord : de décembre à février
  • Pieds bleus : tout au long de l’année

Biotope

foret_automne

Les sols riches en humus, ni trop détrempés ni envahis d’herbes hautes, sont généralement idéaux pour le développement des champignons. Si chaleur et humidité demeurent des conditions de prédilection et que chaque espèce se développe dans un biotope (lieu de vie) particulier, il n’en demeure pas moins que les champignons, parfois joueurs, poussent également là où nous ne les attendons pas. Selon les espèces recherchées, nous trouverons alors notre bonheur… aux bords des chemins, dans les prairies, les champs, les clairières, à la lisière des forêts ou sous les futaies, dans l’herbe ou les sols caillouteux… !

En milieu découvert, les champignons sont relativement simples à trouver. L’affaire se complique en forêt (et en montagne pour les morilles !), lorsqu’ils se cachent sous les herbes, les branches ou encore les pierres. Sur ce terrain, les milieux forestiers l’emportent « haut la branche », puisque certains champignons poussent le vice jusqu’à se confondre avec les feuilles !

Quel matériel doit-on choisir ?

boletsNon, le détecteur de champignons n’existe pas (enfin pas encore !). La patience, l’observation, l’expérience et le plaisir demeurent nos seuls alliés.

  • Des vêtements conçus pour braver les branches, les ronces et éventuellement les serpents : pantalon et veste solides, si possible imperméables. Des chaussures de marche ou des bottes confortables.
  • Un bâton, pour la marche et le « sondage » délicat des feuilles.
  • Un panier en osier. Évitez le sac plastique, où les champignons risquent de fermenter.
    A défaut, ne les laissez pas dans le sac plus de deux heures et placez-les dans une cagette ou à plat dans le coffre de la voiture.
  • Un bon couteau genre Laguiole, munie d’une petite brosse à son extrémité. Cela permet de nettoyer le champignon sur place en éliminant poussière, terre, mousse, insectes etc.
  • Un bon ouvrage sur les champignons, le plus précis possible, pour identifier les espèces comestibles et toxiques présentes sur votre lieu de recherche. Pour ce, chaque détail a son importance : forme du chapeau et du pied, lames, présence ou non d’une volve ou d’un anneau, épaisseur de la chair…
  • Avant et/ou après votre sortie, vous pouvez également consulter le site de la Société Mycologique de France : www.mycofrance.org

Conseils pour une cueillette réussie et sûre

  • Suivez le calendrier et organisez plusieurs sorties « champignons » dans l’année pour faire du repérage et parfaire vos connaissances des espèces.
  • Soyez observateurs ! Notez leurs emplacements, s’ils poussent seuls ou groupés, sous quels arbres etc.
  • Méfiez-vous des périodes d’ouverture de chasse, lors de battues ou de chasse à courre. Des accidents mortels ont lieu chaque année.
  • Cueillez uniquement les champignons que vous pouvez identifier, en les choisissant jeunes (mais pas trop petits) et fermes.
  • Essayez de vous contenter du nécessaire, en cueillant des champignons pour votre plaisir personnel, non pour faire un concours avec votre voisin. D’une part, la consommation doit se faire avec parcimonie, car les champignons, consommés en trop grande quantité, sont indigestes. D’autre part, vous souhaiterez peut-être alors les congeler, ce qui risque d’altérer leur fermeté et leur goût. Si la saison a été fructueuse et que vous en avez vraiment beaucoup, renseignez-vous sur leurs modes de conservation respectifs ou…partagez-les avec ceux qui n’ont rien trouvé !
  • Brossez les parties terreuses pour éviter de mélanger des champignons sales dans votre panier, après quoi vous seriez obligé de les passer sous l’eau, déconseillé si vous désirez préserver leur texture et leur saveur.
  • Par pitié, ne donnez pas de coups de pieds ou n’écrasez pas les champignons que vous ne connaissez pas. Chaque chose a sa place et son rôle dans la nature !

Couper ou « arracher » ?

Trompettes de la mort

Trompettes de la mort

Voilà un débat qui anime les amateurs comme les professionnels ! Après moultes recherches visant à recouper les avis de divers mycologues, nous pouvons -sous réserve – en déduire ceci :

Commençons par préférer le mot « cueillir » à « arracher ». Parce que nous pouvons cueillir un champignon délicatement, en le tournant un peu sur lui-même, pour le dégager du mycélium sans arracher ce dernier et laisser un trou béant. Prenez d’ailleurs le soin de reboucher un peu à l’endroit de la cueillette avec un mélange terre-feuilles.

Le champignon (ou carpophore), est le fruit « visible » du mycélium souterrain, dont le rôle est d’alimenter le champignon en eau et substances organiques nécessaires à sa croissance. Le mycélium est un enchevêtrement d’hyphes (filaments microscopiques) provenant de la germination des spores, elles-mêmes « tombées » des lamelles des champignons. En tombant, les spores recréent du mycélium, qui donnera lui-même…de nouveaux champignons ! Un cycle parfait.

Cueillir un champignon en dégageant le pied et en le tournant ou tirant doucement ne blessera donc pas le mycélium, qui recréera de toute façon d’autres champignons. Pour reprendre les dires d’un expert, couper la queue d’un champignon à sa base revient à cueillir une cerise en laissant la queue sur l’arbre…Inutile, donc.

Il s’avère également préférable de cueillir les champignons si l’on veut les identifier ou les faire identifier par un spécialiste (pas par l’inconnu rencontré en forêt, qui vous assure crânement en avoir mangé la semaine précédente). Comment reconnaître un champignon toxique quand on en a coupé le pied, sachant que la volve représente un indice incontournable ?

Si l’on veut ramasser un champignon dont l’identité n’est pas certaine, il y a donc tout intérêt de le faire avec le pied et la racine. Si l’on coupe par exemple une amanite par mégarde (cela peut tout à fait arriver, peu importe la raison), il sera difficile de vérifier s’il y avait une volve au pied ou non. L’anneau peut avoir été endommagé, l’amanite délavée par la pluie…tout est alors possible et il ne faut prendre aucun risque.

Enfin, couper le champignon à sa base et laisser un pied encore enraciné est une porte ouverte aux contaminations, néfastes pour le mycélium.

ATTENTION DANGER !

On ne le répétera jamais assez. Sauf en vue d’une identification, ne ramassez pas les espèces dangereuses et, en général, les champignons que vous ne connaissez pas. Dans le doute, abstenez-vous.

A CONSIDÉRER COMME MORTELS : TOUS les champignons qui ont une volve membraneuse et un anneau membraneux + des lames blanches et libres.

Retrouvez ici les principales confusions : Comestibitité et toxicité des champignons

schema_amanite

Si vous désirez faire identifier des champignons inconnus à vos yeux, ne coupez pas le pied. Munissez-vous de gants, d’une feuille, d’un mouchoir en papier pour éviter tout contact avec les doigts. Cueillez-les prudemment avec le pied et la racine et séparez-les des champignons comestibles (ils ne doivent pas entrer en contact. Si c’est trop tard, jetez l’ensemble !)

Vous l’aurez compris, la recherche des champignons s’apparente à une chasse aux trésors, des trésors qu’il faut connaître un tant soit peu, respecter et protéger, afin de pouvoir les apprécier le plus longtemps possible !

Ouvrages conseillés

  • Champignons de France et d’Europe occidentale, Marcel BON, éditions Arthaud
  • Le guide des champignons, Didier Borgarino et Christian Hurtado, éditions Edisud
  • Guide vert « Les Champignons de France », éditions Solar

Pour en savoir plus sur les champignons du Roussillon : http://mycologie.catalogne.free.fr

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